C’est quoi l’«UPCYCLING»?

 

En me baladant au Festival MURAL, au mois de juin, je suis tombée sur un petit stand à croquer qui proposait une multitude de bijoux tous plus mignons les uns que les autres.

Voici ma rencontre avec la créatrice :

 

« HELLO ! QUI ES-TU?

Je m’appelle Cindy, j’ai 27 ans, je suis française arrivée à Montréal 2 mois avant le premier confinement en 2020. Je ne connaissais personne et j’ai tout de suite travaillé à temps plein dans une boutique jusqu’en 2022. Quand elle a fermé, j’ai décidé de m’investir à 100 % dans l’entreprise ATELIER SATURNE, que j’avais créée pendant le confinement, puisque j’avais du temps libre et que le Québec est très accessible aux autoentrepreneur·euses.

Je me suis dit « si c’est pas ici et maintenant, c’est jamais », donc j’ai sauté le pas!

 

« QUELS PRODUITS PROPOSES-TU?

Je fais des bijoux upcyclés, c’est-à-dire que je récupère des bijoux vintage ou cassés et je leur donne une seconde vie.

Chaque perle peut être réutilisée pour être remise au goût du jour et plaire à quelqu’un. L’idée c’est de pouvoir offrir des bijoux à prix très abordables avec des éléments recyclés, tout en restant éthique et en proposant des produits finis de qualité.

Durant la pandémie, j’ai eu l’idée de contacter des commerçant·es locaux·ales pour racheter leurs restants d’anciennes collections et des particulier·es pour leurs vieux « trucs » à jeter. Ça m’a permis d’encourager à diminuer le gaspillage, les déchets, tout en s’enrichissant entre petit·es travaillant·es. Depuis que les boutiques et les friperies ont rouverts, mes réserves sont toujours pleines.

 

 

« DONC, TU FAIS DU LOCAL & ÉCORESPONSABLE AVEC TES CRÉATIONS UNIQUES?

Tous mes bijoux sont des modèles très limités et d’exception, puisque je dépends entièrement des trésors que je trouve au jour le jour. Il y en a quelques-uns que je fais en plusieurs séries, tout dépend d’où proviennent les breloques et de ce que j’en fais. Si par exemple, je fabrique un long collier de perles, je n’en aurai pas le même nombre que si je fais des petites boucles d’oreilles X fois à partir de la même provenance.

Certaines de mes créations sont faites sur mesure, d’autres sont uniques, et quand c’est le cas je fais des live Instagram (en moyenne 50 personnes pour deux heures de live) pour vendre directement la pièce en un seul exemplaire.

 

« POUR QUELLE RAISON LA CRÉATION DE BIJOUX UPCYCLÉS TE FAIT-ELLE AUTANT VIBRER?

Le fait de me dire que des personnes achètent des bijoux qui étaient censés partir à la déchetterie me comble : dans un monde où on cherche de plus en plus à appliquer le zéro déchet pour tout au quotidien, savoir que je le pratique et que mes produits sont de meilleure qualité que ce qu’on trouve dans les grands commerces me réjouit.

Les client·es sont heureux·es de savoir que leur pièce est unique, qu’elle leur ressemble et leur correspond vraiment en plus de provenir de matières premières qui ont une histoire.

Je suis très fière de dire que c’est une bonne action à la fois sociale et environnementale. Pour moi, il était impossible que je monte une entreprise de création qui fabrique des bijoux impersonnels, qu’on peut trouver partout en mille exemplaires, sans concept ni écoresponsabilité; ça ne répondait pas à mes attentes personnelles ni mes valeurs profondes de développement durable.

 

 

« D’OÙ TE VIENNENT CES VALEURS ENVIRONNEMENTALES?

Depuis 2013 j’ai créé une chaîne Youtube et un compte Instagram à 15 000 abonnés. Sur ces plateformes, je donne des idées aux gens et je leur apprends à consommer mieux. Parce que j’ai travaillé en parfumerie, j’ai eu le déclic de vouloir démocratiser l’idée selon laquelle on peut consommer de manière éco/socioresponsable, même dans les cosmétiques.

À partir de là, j’ai dévié sur la mode éthique parce que je me suis rendue compte qu’on fait aussi des choses terribles en fast-fashion. Après l’effondrement de l’usine de vêtements au Bangladesh qui a fait des centaines de décès et de blessé·es, j’ai pris conscience qu’il fallait absolument changer nos modèles de consommation au-delà de ce qu’on connaît habituellement dans l’alimentaire.

 

« COMBIEN ÇA COÛTE, UN BIJOU CHEZ ATELIER SATURNE?

J’ai toujours adoré les bijoux fantaisie à assortir en fonction de sa tenue, mais il est extrêmement difficile d’en trouver à des prix raisonnables qui soient 100 % éthiques et faits main. Quand je me suis alors retrouvée coincée entre écouter mon cœur et avoir plein de bijoux, ou écouter ma raison qui me disait de faire attention à mon porte-monnaie, j’ai trouvé le bon compromis.

Je pars du principe que je vends mes produits au prix juste, pour ce que mon travail vaut vraiment. En dehors de la vente de bijoux habituels qui sont à des prix beaucoup plus bas que ce qu’on trouve sur le marché du neuf, je ne fais pas d’enchères; de ce fait, pour l’achat d’une pièce unique, c’est la loi du·de la plus réactif·ve qui s’applique pour les ventes en direct. *rires* Ça m’est déjà arrivé d’acheter des pièces vintage de très grande valeur, mais de revendre le produit final moins cher par la suite pour que tout le monde puisse y avoir accès.

 

« OÙ PEUT-ON TE TROUVER?

La plupart des collections sont disponibles dans des points de vente éparpillés dans Montréal et chacun d’entre eux propose des bijoux différents.

Pour les pièces exclusives, rares et uniques, elles sont vendues uniquement sur la boutique en ligne ateliersaturne.com et sur Instagram.

Il m’arrive de faire des marchés récurrents avec des horaires fixes chaque semaine, mais c’est rare. J’essaie plutôt de faire un maximum de pop-ups populaires pour être le plus accessible possible, j’aime rencontrer ma clientèle en direct! *rires* Jusqu’en octobre, je serai à deux places différentes momentanément : au 5945 rue Cartier pour le Mega Vintage & Self-Care Pop-up le weekend des 17&18 septembre de 11h à 17h ; et au Marché du Locoshop Angus avec le Collectif Créatif MTL, le weekend des 1&2 octobre de 10h à 17h.

 

« TON MOT DE LA FIN? C’EST TA CARTE BLANCHE!

Je veux absolument remercier les personnes qui m’encouragent depuis le début et qui ont cru en moi alors que je n’étais rien d’autre qu’un compte Insta avec des photos très laides *rires*, alors que j’avais peur de mettre les pieds là-dedans, alors que je n’étais pas certaine d’où je m’en allais.

Je tiens à remercier aussi sincèrement les personnes qui sont encore là à l’heure actuelle, celles aussi qui viennent me voir dans les marchés, celles qui emmènent leurs ami·es pour me faire découvrir, celles qui partagent mon travail sur les réseaux, celles qui me donnent une visibilité incroyable, parce que je ne vis que grâce à ça pour le moment. *clin d’œil*

 

 

 

Un texte de Gabrielle Serra