Selon un article du Figaro, l’expression «Minute Papillon» est attribuable à un serveur parisien qui répondait «Minute» à ses clients, butinant de table en table, se faisant interpeller par mille et une demandes. Notre protagoniste, surnommé Papillon, réclamait ainsi des minutes pour l’exécution de ses tâches. Il recherchait du temps, une seule minute à la fois.

Des journalistes du Canard Enchaîné qui fréquentaient son café le nommèrent alors «Minute Papillon» et c’est de cette manière que l’expression en serait venue à signifier «pas trop vite» ou, en bon québécois, «wôw minute!».

Ses clients se voyaient donc obligés d’attendre leurs plats qui tardaient à sortir des cuisines, à patienter pour un condiment manquant, à attendre pour l’addition à payer, ainsi de suite. Voilà tant de bonnes occasions pour se projeter dans une situation d’attente passive.

Ces deux dernières années, c’est Papillon qui a attendu. Certes, sa fidèle clientèle a patienté avant l’ouverture des cafés, restaurants et bars. Papillon, lui, a attendu de retrouver son travail, ce métier qui l’anime, qui le rend prompt, ardent.

 

Transformer l’attente.

 

Papillon a peut-être attendu, peut-être trouvé une nouvelle vocation, dans l’attente. Ce temps qui défilait a dû être transformé afin d’être apprécié.

Il a aussi eu le temps de penser à tous ceux qui passaient par son café, qu’il a dû faire attendre une minute de plus. Il a réfléchi à toutes ces minutes Papillon où la plupart n’ont pas su se poser, car dans l’attente, ils n’ont su que faire naître l’insatisfaction.

Et si l’attente était une opportunité, un moment à transformer, un instant suspendu entre l’insatisfaction naissante et l’occasion de se freiner? Et si l’attente invitait à la découverte… de soi, de ce qui nous entoure.

La prochaine fois que le ketchup pour vos frites chaudes se fait tarder, prenez le temps d’apprécier, de découvrir le moment présent…. d’y faire de l’espace dans l’impatience.

 

Faire de l’espace pour le temps

 

Je vous invite à créer de l’espace pour le temps, à accueillir l’attente et prendre le moment qu’elle offre pour être présent. Soyez attentifs à ce qui se révèle.

Je propose aussi une minute de silence pour tous ces employé(e)s de la restauration, ces Papillon qui retrouvent à peine le métier tel qu’elles et ils le connaissaient.

Drôlement, «Minute Papillon» servait au Café du Cadran. Décidément, le temps ponctuait cet établissement.

Tic Tac, Tic Tac, «Minute!» – Papillon

Autrice : Julie Riendeau